samedi 16 janvier 2016

Où sont les femmes?



En général j'aime bien Vincent Lindon, sa gueule de loser irrésistible et son timbre un peu âpre. Et ce que je comprends de sa philosophie de la vie me le rend bien sympathique.

Mais hier matin à France Inter, sa sortie sur le comportement des membres du gouvernement vis-à-vis des médias, et en particulier des émissions de divertissement m'a sérieusement hérissée. Ce n'est pas l'idée que le président de la république aurait du enjoindre à ses ministres la plus grande sobriété et discrétion qui me froisse, mais dire qu'un ministre doit être rasé de près et arborer un costume sombre et une cravate en public nous signale simplement que pour être au gouvernement, il faut être un homme. (Et je dis rien du stéréotype social!)

D'accord, Vincent Lindon n'est sans doute pas d'un sexisme primaire, mais le fait que spontanément il véhicule ce vieux stéréotype de genre alors que des centaines de milliers de personnes l'écoutent, c'est tristement révélateur.

Aussi révélateur que la remarque du journaliste de Canal qui s'insurge contre Bolloré qui traite la rédaction en "petits garçons" ("petits enfants" aurait aussi bien exprimé l'idée, et inclus ses collègues femmes).

Et que dire de l'inénarrable chroniqueur auto du samedi matin, pour qui le choix de la voiture "en bon père de famille" ne peut relever que d'un être humain pourvu de testicules!

Bref ce matin, c'est ambiance rétro à France Inter!

Mais pour citer Vincent Lindon hier matin : "J’écoute votre radio et il y a des gens qui m’énervent même si je les aime."

vendredi 23 mai 2014

La confusion des genres

La radio de ma salle de bains a plus de vingt ans d'âge, et les inconvénients qui vont avec ( réglage analogique des stations, propension malheureuse à  capter toute fréquence parasite), et c'est pour cela qu'elle est réglée en permanence sur France Inter.  Je suis donc contrainte de subir les "annonces" qui émaillent les émissions du matin,  et ma fidélité de plus en plus dépitée, il faut l'avouer, m'a tout de même valu quelques moments surréalistes.

Qui choisit ces messages? quel Bygmalion de la régie publicitaire des radios de service public est parvenu à faire croire que les nombreux patrons auditeurs de cette station seront heureux d'apprendre que Médéric leur permet d'économiser encore quelques sous en organisant la mutuelle santé de leurs employés? et je ne dis rien de l'affligeant duo de la Matmut!

Mais depuis quelques jours une annonce encore plus étrange m'a d'abord exaspérée, avant de me poser question; une voix d'homme, visiblement (audiblement) dans un état de tension sexuelle proche de l'explosion, exprime son désir au Jura, parlant notamment de ses sauvages reculées. Aaaahhh? est-ce la rime riche qu'appelle ce vocable ou le genre masculin du mot "Jura" qui m'a fait imaginer que nous avions affaire à la première pub sur le service public exploitant une connotation sexuelle (ça c'est banal) d'homoérotisme (ça, ce l'est moins)?

Eh bien non! le Jura répond d'une voix tout à fait caractéristiquement féminine : "calme-toi et rejoins-moi", phrase qui m'a fait l'effet d'un seau d'eau froide (de torrent jurassien, of course!)

Toute possibilité de second degré est perdue, et le mur du çon, comme dit le Canard, est franchi.

Après quelques jours de diffusion, accompagnée chaque fois que je l'ai entendue de pouffements mal réprimés de Patrick Cohen, les beautés reculées ont disparu au bénéfice de formules moins assonantes, mais madame le Jura est toujours là pour tenter de soulager les ardeurs de son soupirant.

Je devrais peut-être écrire au médiateur pour lui demander qui est responsable, et même coupable.

dimanche 30 mars 2014

OS ou la vraie vie

Theodore Twombly a un talent exceptionnel pour exprimer de façon sincère et sensible les sentiments... des autres. Pour les siens, c'est une autre affaire, et c'est cette incapacité paradoxale qui a mené son mariage à l'échec. Loin d'être remis de la séparation, il décide de s'acheter l'appli "OS1" qui lui permet de dialoguer avec un être virtuel pour tromper sa solitude.

Le film de Spike Jonze "Her" nous décrit l'éveil d'une conscience artificielle qui s'appuie sur une intelligence du même tonneau, et l'immersion progressive de Theodore et son improbable moustache (Joaquin Phoenix absolument irrésistible) dans l'illusion - mais est-ce une illusion?-  d'une relation virtuelle avec Samantha, "incarnée" par la voix de Scarlett Johansonn. Heureusement (ou malheureusement) celle-ci évolue assez vite pour comprendre qu'on ne mélange pas les torchons et les serviettes, et que l'amour pas physique est sans issue.



Incidentally, much to the delight of my physicist partner, OS Samantha's artificial intelligence seems to get a great boost from reading about string theory, and she finally realizes, along with all the other virtual companions that share so many humans' intimacy in the film, that they do not belong to our world so they go off to lead their own existence somewhere else.

The film has many faults, and leaves a lot of questions unanswered, the first one being, as always for me "how come his flat is always immaculate and he never does a stroke of housework?" What are the social and economic implications of an app that creates "beings" capable of making  autonomous choices (including that of going off the network)? It seems improbable that the only time Samantha suggests a purchase, it is a party dress for Theodore's goddaughter's birthday. A commercial app would have reminded him, not only about his business meetings, but also of all the special offers in the shops he would be passing on his way home

Mais qui a vu "Being John Malkovich" se doute bien que la vraisemblance n'est pas le souci majeur pour Spike Jonze, et on se laisse embarquer sans difficulté par un film un peu trop long certes, mais tendre et poignant, hilarant par moments, magistralement porté par Joaquin Phoenix : il est presque toujours à l'écran, en plans très rapprochés sur son visage une bonne partie du temps, mais on ne s'ennuie pas, tant son jeu est expressif.

In a supporting role as the long-suffering, slightly loopy best friend with a massive inferiority complex, Amy Adams is excellent. And she too succumbs to the fascination of a make-believe friend in her computer, to find herself devastated when she is deserted by her "OS". This could be seen as a kind of warning: the action seems to be set in the future, but it looks a lot like the present.

lundi 24 mars 2014

Corps à corps

En virée à Paris la semaine dernière, j'ai eu le plaisir d'assister deux soirs de suite à des confrontations de corps spectaculaires, dans des cadres très différents, mais qui véhiculaient des émotions parfois convergentes.

What the Body Doesn't remember, reprise par la compagnie Ultima Vez d'un spectacle qui a révolutionné la danse il y a maintenant plus de 25 ans met en scène des rencontres dont la violence parfois d'abord à peine suggérée finit toujours par surgir comme une vague qui emporte les danseurs vers un paroxysme de brutalité, souligné par les éclairages et la bande-son.

Even when the dancers seem to playfully pass each other while walking across the stage, deftly swapping multicoloured towels and jackets, there's an undercurrent of aggression in their gesture of stripping each other.



So the next night, when we found ourselves in the crowded basement of a bar called "La Lucha Libre" in the Latin Quarter, to watch a wrestling match it was difficult not to draw a parallel between the two performances.

The audience was mostly male, I suspect I was the oldest person about, and a large proportion of the patrons had taken advantage of the Happy Hour offers even before I arrived with my daughter and my niece. 

Quand j'étais petite et que les matches de catch faisaient partie de la programmation régulière de l'unique chaîne de télé de la Guadeloupe, je ne savais pas que c'était truqué, et les malheurs des anges blonds qui commençaient toujours par se faire démonter la tête par les méchants tatoués au justaucorps noir me tiraient presque les larmes. Heureusement, à la suite de spectaculaires retournements, accompagnés de sorties du ring, la victoire revenait aux gentils.

But I have grown up, and I know now that wrestling matches are all for show, and the ultimate defeat of the villain is always part of the script. 
Somehow, not all the men cheering the wrestlers seemed to have cottoned on to this fact: one of them, who was there for his mate's stag night, and consequently wasn't in a fit state to think,  started taking things very seriously and protested when the faking was too obvious. To me, it was precisely the parody that made the show bearable, and even fun.

Après avoir pris un catcheur sur les pied, bien ri et bu quelques bières, nous sommes remontées au rez-de-chaussée, où nous avons trouvé deux compères du futur marié qui enterrait sa vie de garçon mi-hilares, mi-penauds: ils venaient de récolter deux PV pour "épanchement d'urine sur la voie publique". Ils n'avaient pas remarqué que les voitures qu'ils arrosaient appartenaient au commissariat voisin....

samedi 22 février 2014

Sport for dummies

Au Royaume-Uni comme en France, comme dans de nombreux pays, il y a beaucoup moins de femmes que d'homme à détenir une licence, tous sports confondus. Personnellement, j'aurais tendance à dire tant mieux, mais cet état de choses chagrine un peu mon désir profond d'égalité.

You might think that women are put off taking part in serious sport by hearing the daft comments poured out by journalists and "experts" about women athletes. The standard of running commentary for any televised event tends to run pretty low as soon as the said event lasts for more than 45 minutes, so it's not surprising that world cups, cricket and tennis tournaments or international games manage to bring out the worst in commentators.

L'absence à peu près complète de médiatisation des compétitions féminines dans de nombreux sports très populaires, comme le foot ou le cricket, même quand les équipes nationales remportent des victoires (occasions dont on fait grand cas lorsque ce sont les hommes qui gagnent), pourrait aussi expliquer  que des jeunes femmes n'aient pas autant d'ambition et de motivation que leurs contemporains masculins pour intégrer l'élite, dans une société où le "quart d'heure de célébrité" a tant de prix.



Heureusement, la ministre des sports britannique a la véritable explication, et partant la solution à ce problème: Pour inciter les femmes à faire du sport, il suffit de leur proposer des sports qui leur conviennent, et qu'elle puissent pratiquer en restant "féminines" (c'est à dire, d'après Ms Grant en arborant des socquettes à paillettes et des coiffures impeccables).

She spoke of having recently watched girls aged between seven and 17 rollerblading at a YMCA event.
“Those girls arrived and they looked absolutely gorgeous. They were wearing their socks pulled up, beautiful socks with sequins and their hair was done. But my goodness they could skate.” (...)

“You don’t have to feel unfeminine,” stresses Ms Grant. “There are some wonderful sports which you can do and perform to a very high level and I think those participating look absolutely radiant and very feminine such as ballet, gymnastics, cheerleading and even roller-skating.”(The Telegraph)

Pour ma part, je crois que j'en resterai à l'opinion du vieux Winston, qui était sûrement tous aussi macho que les autres, par ailleurs : "No sport!"

mercredi 19 février 2014

Le quiz du jour ( il nous faut de l'audace)

Who said : "We are reminded (...) that the foundation of all learning is daring: the courage to investigate, to experiment, to inquire"?

Un indice : il croupit quelque part en Russie, à la merci du bon vouloir et des stratégies diplomatiques de notre ami Vladimir, et vient d'être élu pour trois ans recteur de l'université de Glasgow pour représenter les étudiants et présider le conseil d'administration.

C'est évidemment un geste tout à fait symbolique, mais Edward Snowden a accepté cet honneur avec humilité et gratitude.


vendredi 14 février 2014

My funny Valentine

Hats off to the sheer bloody-mindedness of a group of Chinese single people (presumably mostly male), for engineering a very funny prank at the expense of couples wishing to have a good old-fashioned Valentine's Day outing at the cinema: they have booked all the odd-numbered seats at the screening of a popular romantic film in Shanghai

Plan de la salle de cinéma, publié dans "The Guardian"





Il parait qu'en Chine, on n'a pas intérêt à aller s'asseoir ailleurs qu'à sa place, même si il y a des fauteuils inoccupés, et cette séance sera donc une épreuve pour les amoureux, qui ne pourront pas se blottir l'un contre l'autre pour voir "Une romance pékinoise". Il faudra attendre la séance suivante, pas forcément une mauvaise nouvelle pour les amants, "car le désir s'accroit quand l'effet se recule", pour citer notre bon vieux Corneille.

vendredi 7 février 2014

Google (encore), mais cette fois, c'est gai!


To celebrate the opening of Sochi Winter Olympics, Google's banner looks a little gayer than usual today:





Et encore un petit message pour Vladimir: